PREMIER BILAN :

Publié le par Jeana

Pourquoi Sarkozy irrite à l'étranger.
Anthony Bellanger, chef des informations à Courrier international, répond aux questions des internautes.
Francis Bonjour, je me demande comment est perçu notre président selon les pays ? Est-ce que la couleur politique du pouvoir dans chaque pays modifie son image ? Plutôt bien perçu aux Etats-Unis et mal à Cuba ? Ou bien est-il traité de manière plutôt neutre un peu partout ?

Publié dans Politique

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J
Anthony Bellanger Bonjour à tous... La perception de l'élection et des cent premiers jours de Nicolas Sarkozy varie plutôt selon les opinions politiques des médias et des commentateurs. Il n'y a pas de sondages (vous l'imaginez bien) qui ont été réalisés pour savoir ce qu'en pensaient les Espagnols, les Italiens ou les Allemands en général. Aux Etats-Unis, toutefois, l'ensemble des quotidiens ont renvoyé une image positive de Nicolas Sarkozy. A droite comme à gauche... Simplement parce que Jacques Chirac leur semblait caricaturalement antiaméricain. En Allemagne, par contre, où l'on aime le consensus et les décisions réfléchies, voire testées avant d'être appliquées, son côté touche-à-tout et ommniprésent déplaît assez unanimement... Peut-être parce que cette façon très personnelle (pour ne pas dire populiste) de faire de la politique leur rappelle de mauvais souvenirs... crosby Le président a-t-il raison de croire que la France n'a pas besoin de l'Afrique ? A.B. Non, clairement non... Il est d'ailleurs revenu sur ses propos... Non seulement il est évident que la France, comme le reste du monde d'ailleurs, a besoin de l'Afrique, mais aussi parce qu'il n'y a pas beaucoup de régions du monde où la France peut encore peser à ce point... En plus, si les Américains s'intéressent encore à notre potentiel géostratégique, c'est entre autres parce que nous disposons d'une base bien pratique à Djibouti (par exemple) ou parce que nous entretenons depuis longtemps des relations serrées avec l'Afrique francophone. Abdelkader Est-ce que vous pensez que l'Algérie fera des concessions à la nouvelle équipe qui dirige la France ? Y aura-t-il du nouveau concernant la question du Sahara occidental ? L'Union méditerranéenne chère au président n'est-elle pas une nouvelle version de la copie de Mme Rice sur le "nouveau Moyen-Orient", un plan qui rencontre des difficultés, pour ne pas dire que c'est un échec ? A.B. Je répondrai uniquement à la dernière question, parce que les éléments dont nous disposons aujourd'hui ne nous permettent pas de savoir ce que l'équipe Sarkozy entend faire au Sahara occidental, ni même quel genre de politique elle entend précisément mener en Algérie. Quant à l'Union méditerranéenne proposée par Sarkozy, c'est pour le moment plus une idée qu'autre chose. Bien sûr, personne ne nie l'importance de développer de meilleures relations entre l'Europe du Sud et le pourtour méditerranéen. Mais le danger d'une Union méditerranéenne est ailleurs : ce projet risque, premièrement, de réduire à néant les efforts déployés par l'Europe des Vingt-Sept dans le cadre – déjà ancien – du processus de Barcelone ; et, deuxièmement, de rendre inopérant une autre politique européenne intéressante : l'idée de coopération renforcée (sans adhésion) avec des pays voisins. Enfin, et c'est le plus grave à mon sens, l'Europe de l'Est ou la Scandinavie, qui jusqu'à présent devaient s'intéresser un minimum à ces problématiques parce qu'elles relèvent de l'UE, pourrait s'en détourner définitivement si elles étaient prises en charge par l'Union méditerranéenne de Sarkozy... L'Europe en général et l'Europe du Sud en particulier y perdraient beaucoup... Sans compter que l'Allemagne pourrait elle aussi considérer que ces problèmes ne la regardent pas et axer toujours plus sa politique vers l'Europe de l'Est... La France aurait alors perdu un allié et gagné beaucoup d'ennuis. jcpac Sarkozy se rallierait-il à une éventuelle offensive contre l'Iran ? A.B. On ne sait plus trop ce que pense Nicolas Sarkozy sur ce sujet... On a l'impression que l'Iran est une espère de chiffon rouge pour tout le monde... Cela dit, Nicolas Sarkozy n'a pas dit qu'il fallait bombarder l'Iran si ce pays se dotait de l'arme nucléaire... Il a dit au contraire qu'il fallait sortir de l'alternative "bombarder l'Iran ou accepter la bombe iranienne". Sepp L'irritation de nos voisins et de nos interlocuteurs n'est-elle pas due à l'incohérence de Sarkozy : atlantiste avec les anglophones, européen avec l'Allemagne... ? A.B. Sarkozy est les deux. L'Allemagne aussi, d'ailleurs... C'est-à-dire atlantiste (comme quasiment toute l'Europe des Vingt-Sept) et pro-UE. On peut même dire que ses positions atlantistes lui ont permis de recupérer une partie de la confiance perdue en la France après les dernières années Chirac, qui ont certes été flamboyantes mais stériles politiquement.doudis Ne pensez-vous pas que les autres pays sont jaloux du dynamisme de notre président et de sa réussite ? A.B. Non. Franchement, ils n'ont aucune raison d'être jaloux. L'Espagne fait deux fois notre croissance annuelle depuis dix ans, le Royaume-Uni à un PIB de 10 % à 15 % supérieur au nôtre depuis cinq ans et les salaires y sont de 20 % à 25 % plus élevés. L'Allemagne et ses 80 millions d'habitants sort juste de la crise et commence à se remettre d'une décennie perdue pour l'économie. L'Irlande est plus riche que nous et l'Espagne nous rattrape à grands pas. Même la Grèce a un taux de croissance trois fois supérieur au nôtre. La plupart de ces pays ont des dirigeants qui supportent facilement la comparaison avec Nicolas Sarkozy. N'oubliez tout de même pas que les modèles de Sarkozy s'appellent Tony Blair, José María Aznar, Bill Cinton et que, en matière de modernité, Angela Merkel a des arguments pour elle... Emmanuel Pensez-vous que les accusations lancées contre la Banque centrale européenne peuvent causer une "fracture" avec les partenaires économiques primordiaux que sont les autres membres de l'Union européene ? Y a-t-il une forme de lassitude devant un président français qui se dit économiquement libéral mais ne respecte guère les engagements de stabilité ? A.B.Oui, je pense que les rodomontades faciles et à usage de poitique intérieure de Nicolas Sarkozy sur la BCE peuvent faire des dégâts. Surtout dans des pays où la parole publique compte, comme l'Allemagne. Il y a en effet un risque de lassitude, encore que les homologues européens du président français n'ont pas à supporter ses conférences de presse biquotidiennes. Ils ne le voient, au plus, que quelques fois par mois !
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