Immigration :

Publié le par Jean Adams A.M.

Ce que dit Nicolas Sarkozy
Les immigrés sans papiers n’ont pas grand-chose à attendre de Nicolas Sarkozy, élu président de la République française le 6 mai dernier. Il ne fera pas de « régularisation globale », comme l’avaient fait les gouvernements socialistes à trois reprises (1981, 1991,1997). Il en a pris « l’engagement » devant les électeurs français. C’est un adepte « du règlement du cas par cas » ; « la seule solution possible », selon lui. Lire l'article...

Publié dans Politique

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Pari gagné. Nicolas Sarkozy, 52 ans, s’installera dans le fauteuil de Jacques Chirac, le 16 mai prochain. Le tombeur de la socialiste Ségolène Royal a mis toute son intelligence, toute son énergie, tous ses réseaux, toute la machine de son parti, l’Union pour un mouvement populaire (Ump), pour arriver à ses fins : diriger la France. C’est un bel exemple d’abnégation. Le parcours qui a conduit Nicolas Sarkozy à l’Elysée est d’autant plus exceptionnel qu’il est à mettre au crédit d’un fils d’immigré. Puisque nous aimons, comme Sarkozy, cette « vieille, belle et grande nation » qu’est la France, saluons cette leçon de tolérance et de respect des idéaux des Lumières.<br /> Le nouveau président de la République française a su profiter des possibilités qu’offre la France, « un pays ouvert, généreux, accueillant », pour monter dans l’échelle sociale. L’ascenseur social a bien fonctionné pour lui. M. Sarkozy a accepté les règles du jeu social et politique. Il a su les tourner à son avantage. Le chemin le plus court pour arriver à l’Elysée n’a pas été la ligne droite. Dans sa propre famille politique, il lui est arrivé de changer de camp pour être du côté des gagnants potentiels avant de retrouver celui qu’il avait quitté. Il a conquis le parti majoritaire, l’Ump et renvoyé dans les cordes ses adversaires potentiels à la présidentielle sans faire dans la dentelle. Difficile de lui jeter la pierre. Nous sommes en politique, comme on dit au Sénégal.<br /> Ce « tueur » en politique qui s’affiche clairement comme un homme de Droite est allé, quand la situation l’exige et pour atteindre ses objectifs, jusqu’à pêcher dans les eaux de l’extrême droite. Sans complexe. Sarkozy fait des dérapages contrôlés sans presque jamais franchir la ligne jaune. Sa stratégie a été payante. Elle a permis de contenir le Front national de Jean-Marie Le Pen au premier tour et de siphonner le centre de François Bayrou au 2è tour. Sarkozy a été payé en retour par les Français qui l’ont bien élu.<br /> On le présente souvent comme un « anti-africain », comme un « anti-immigré ». C’est vrai que son discours n’est pas fait pour plaire à une partie des Africains de France et, plus généralement, aux immigrés. Quelques perles de ces discours comme « kärcher », « racaille », « mouton égorgé dans la baignoire » ont fait le tour du monde. Sarkozy est un homme d’ordre qui, si on s’en tient au portrait peu flatteur que dressent ses adversaires, n’aimerait pas les immigrés sans papiers ainsi que tous ceux qui veulent vivre d’allocations sociales et « aux basques des Français ».<br /> Comme l’écrit d’ailleurs un célèbre éditorialiste français, « ce qui embarrasse (chez Sarkozy), c’est cette façon d’opposer les « travailleurs » aux « tricheurs », ceux qui se lèvent aux paresseux (...) ». Le coup de pinceau des « Afro-français » membres du « Cercle de la diversité républicaine » de l’Ump est, c’est sûr, plus favorable au personnage. L’un d’eux confesse : « c’est facile de vouloir diaboliser quelqu’un sur la base de mots. Il a une phraséologie à lui, peut-être un côté provocation, qui est bénéfique lorsqu’il conduit à discuter sur le fond ».<br /> « Ceux qui n’ont pas de papiers seront reconduits dans leurs pays »<br /> Face à Ségolène Royal, lors du débat télévisé organisé entre les deux tours de la présidentielle, il a eu une pensée pour « tous ceux qui sont martyrisés dans le monde. » « Mais, a-t-il ajouté, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Les sans papiers n’ont pas grand-chose à attendre de lui. Il ne fera pas de « régularisation globale » - comme l’avaient fait les gouvernements socialistes à trois reprises (1981, 1991,1997). Il en a pris « l’engagement » devant les électeurs français. C’est un adepte « du règlement du cas par cas », « la seule solution possible. » Il ajoute : « nous avons le droit de choisir entre qui est le bienvenu sur notre territoire et qui n’est pas souhaité. Ceux qui n’ont pas de papiers seront reconduits dans leurs pays. »<br /> Sur la politique africaine qu’il va mettre en œuvre une fois élu, il répond ceci : « La question du développement de l’Afrique est une question majeure que je traiterai dans le cadre d’union de la Méditerranée. Cela va de pair avec une politique d’immigration choisie en France avec la réforme du regroupement familial ». Suit cette précision : « je n’autoriserai plus quelqu’un à faire venir sa famille s’il ne prouve pas qu’il a un logement, qu’il n’a pas de revenus de son travail – et non pas des allocations sociales – et je souhaite que les membres de la famille apprennent le français avant de venir en France ».<br /> Sarkozy a également appelé à « définitivement tourner la page des complaisances et des officines » entre la France et l’Afrique. Il rejette « repentance » et culpabilités post-coloniales ».<br /> Vainqueur de la présidentielle, au soir du 6 mai, Nicolas Sarkozy a déclaré : « je veux lancer un appel à tous les Africains, un appel fraternel pour dire à l’Afrique que nous voulons l’aider à vaincre la maladie, la pauvreté, à vivre en paix. Je veux leur dire que nous allons décider ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse ». C’est tout Sarkozy ! Sans concession sur ses idées, mais prêt à secourir l’autre chez lui pour ne pas recevoir en France « toute la misère du monde ». Les Français l’ont également élu pour cela.<br /> Pour les pays émetteurs de migrants, l’émigration est souvent une stratégie de survie des familles et une filière pourvoyeuse de devises pour l’Etat. Les flux migratoires continueront, mais ce sont des politiques nationales de développement cohérentes - y compris une organisation formelle des transferts des migrants en vue de les transformer en source de financement d’investissements productifs -, une bonne gouvernance, un jeu politique aux règles acceptées et respectées par tous ceux qui, entre autres, permettront aux pays du Sud dont le Sénégal d’être des créateurs de richesses et de vrais acteurs de la Mondialisation. Et de plus entendre ce que Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle, déclarait récemment, en terre africaine : « la France n’a pas économiquement besoin de l’Afrique ». Aux Africains de travailler dur chez eux pour ne plus représenter moins de 2 % du commerce mondial et l’essentiel de l a misère du monde exporté.<br /> <br /> EL BACHIR SOW
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