A Bamako,

Publié le par Jean Adams A.M.

une campagne marquée par l'émigration et la "menace Sarkozy"
"Sarkozy ? C'est quelqu'un que j'adore. Ce qu'il dit, c'est malheureux, mais c'est la réalité : les Français n'acceptent que des immigrés utiles à leur pays." Noyée dans les klaxons d'une caravane électorale, la réflexion d'Alassane Traoré, 22 ans, étudiant en économie, détonne dans l'opinion malienne acquise au "danger Sarkozy". Elle reflète le pouvoir de séduction d'un certain "parler vrai" se substituant au paternalisme postcolonial, et la conviction que l'immigration fait l'objet d'un double langage. "Sarkozy se sert des immigrés pour se faire élire mais, qu'il le veuille ou non, la France vieillit et aura bientôt besoin de nous", poursuit l'étudiant. Lire l'article...

Publié dans Politique

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Pour la première fois dans la vie politique du Mali, l'émigration est un thème dominant de la campagne pour l'élection présidentielle. Comme si le pays vivait en parallèle la campagne française.<br /> L'opposition malienne, sans aller jusqu'à reprocher au président Amadou Toumani Touré d'avoir accueilli M. Sarkozy à Bamako en mai 2006, s'emploie à le discréditer en le présentant comme un ami du candidat de l'UMP, ayant signé un accord en sous-main avec lui. "Les résultats du premier tour en France sonnent comme un avertissement pour les Maliens : ils ont besoin d'un président qui défende leurs intérêts face à Sarkozy", glisse le candidat de l'opposition Tiébilé Dramé, originaire de Kayes, principale région d'émigration vers la France.<br /> THÈMES SENSIBLES<br /> Les transferts financiers de la diaspora malienne, très supérieurs à l'aide internationale, l'humiliation des expulsions de sans-papiers sont autant de thèmes sensibles censés mobiliser les 700 000 électeurs émigrés (100 000 en France), mais aussi les bénéficiaires de la manne envoyée au pays. Au point d'amener le pouvoir à radicaliser son discours. "Le Mali ne sera jamais complice d'expulsions de ses ressortissants," dit Seydou Sissouma, conseiller du président malien. "Nous sommes préoccupés par une éventuelle élection de Nicolas Sarkozy, qui veut nous faire signer un accord de réadmission des expulsés. Même contre une aide financière, nous n'en voulons pas. Le Mali n'est pas un pays qui se vend", renchérit Bassirou Diarra, chargé de l'émigration à la présidence. "Je sais ce que l'immigration rapporte et je l'encourage, a tempéré le président malien sur Radio France internationale, mais il faut être réaliste : chacun a ses responsabilités, pays de départ comme pays d'accueil".<br /> Cette surenchère contre la "menace Sarkozy" alimente l'hostilité d'une partie de la jeunesse, politisée ou tentée par le voyage vers le Nord. "Sarkozy me fait peur. Nos ancêtres ont travaillé pour les Blancs. Je veux être respecté, déclare Boubacar Sidibé, instituteur. Les Français ne peuvent vivre sans nous et réciproquement. La mondialisation, c'est aussi l'émigration."<br /> Quant à Ségolène Royal, on la préfère, mais elle ne déclenche aucun enthousiasme. ""Sarko" fait peur mais "Ségo" ne rassure pas, résume un journaliste : son absence de parole forte sur l'Afrique inquiète, sa vision idyllique de l'action des ONG et de la coopération décentralisée fait ricaner les connaisseurs du terrain." <br /> <br /> Philippe Bernard<br />
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