Congo Brazzaville

Publié le par Jeana

Session de rattrapage
Après l'image désastreuse laissée aussi bien par la curieuse réponse du président sur la plainte pour " recel de détournement de biens publics " introduite à Paris que par la pagaille dans l'organisation du premier tour des législatives, M. Sassou a essayé de se rattraper en se confiant à " Jeune Afrique ".Les entretiens de François Soudan avec Sassou Nguesso se suivent et se ressemblent au fil des années. Pas un article sans que son intervieweur attitré ne souligne chez le chef de l'État congolais

Publié dans Politique

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J
« la même élégance, le même regard perçant et la même crispation des mâchoires quand on aborde les sujets qui le fâchent ». Encore heureux que nous ayons échappé cette fois-ci aux Ninelle, Edgar et autre Willy Nguesso. Il y avait de quoi pourtant nous occuper, pour une fois, avec la carte bancaire Gold de Christel Sassou et ses dépenses extravagantes étalées dans la presse internationale ! On l'aura compris : notre confrère a interrogé pour la énième fois M. Sassou lors de son dernier passage à Paris. A-t-on évoqué des sujets importants comme la crise du Darfour ou les négociations de l'accord de partenariat Afrique centrale-UE (le ministre congolais n'a d'ailleurs pas participé aux délibérations lors du conseil ministériel commercial conjoint élargi qui a eu lieu à Yaoundé le 16 juillet dernier) qui risquent de transformer encore plus notre région en simple comptoir de l'Europe ? (1) Que nenni ! L'article intitulé " Le président, les juges et les élections " et publié dans l'hebdomadaire international « Jeune Afrique » (15-21/07) porte exclusivement sur quelques « mises au point », une sorte de session de rattrapage concernant quelques questions capitales intéressant le devenir de la planète. Les voici : <br /> - Contrairement aux apparences, c'est la continuité qui prédomine dans les relations franco-africaines après l'arrivée de Sarkozy au pouvoir en France. La personne de Sassou est toujours aussi courtisée, par une « classe politique française qui, toutes tendances confondues, sait où se situent ses intérêts », apprend-on : « Rien n'a changé en somme, par rapport « aux années Chirac », révèle l'hebdomadaire. A preuve « dans l'ascenseur [de l'hôtel Meurice où le grand homme résidait] on a ainsi pu croiser ces jours-ci les ministres français Michèle Alliot Marie, Bernard Kouchner, Brice Hortefeux, Jean Marie Bockel (...) mais aussi Christophe de Margerie, de Total, et même Bernard Tapie ». D'ailleurs Sassou Nguesso le confirme : « En ce qui concerne les relations franco-congolaises, je ne perçois aucun changement de fond », aurait-il constaté. Et de préciser, pour ceux qui seraient un peu durs de la feuille : « En réalité les autorités françaises ont toujours su, sans qu'il ait jamais été besoin de le leur rappeler, que leur pays avait au Congo des intérêts non négligeables ». <br /> Transmis à un certain Sarko qui avait, lors de son passage à Bamako considéré que « La France n'a pas besoin économiquement de l'Afrique ». Si d'aventure le président français venait à changer d'avis sur l'importance du continent, prière de se rappeler qu'il vaut mieux avoir des hommes sûrs et dévoués sur place, en guise de vigiles, pour protéger lesdits « intérêts non négligeables »... <br /> - Contrairement à des bruits infondés les relations entre Sassou et Lekoundzou ne sont pas aussi exécrables. La preuve : après l'interview avec notre confrère, François Soudan révèle qu'il était prévu que « l'homme des masses » aille rendre visite « à son vieux compère, Justin Lekoundzou, alité à domicile, en banlieue parisienne (...) Ce geste de Sassou est donc tout à fait symbolique et il le prépare avec soin ». <br /> Merci pour l'info et pour le Pct qui demeure un et uni à jamais. <br /> - Contrairement à ce qu'avait pu croire la presse africaine et internationale, la défense de Sassou dans la cour de l'Élysée concernant la plainte pour " recel de détournement de biens publics " était mûrement réfléchie. Rappelons qu'en guise de défense Sassou avait alors crié au « colonialisme », au « néocolonialisme » et au « racisme » s'étonnant qu'on le poursuive, lui, et pas les émirs du Golfe par exemple. « J'ai choisi le lieu et le moment pour le dire (...) si cela les démange tant d'enquêter sur les biens supposés des chefs d'État en France, pourquoi ne viser que des Subsahariens ? Et les émirs du Golfe ? Et les autres ? » a argumenté « l'homme des masses », calé dans un fauteuil de l'hôtel Meurice, à Paris. Avec une telle démonstration Sassou aura du mal à continuer à plaider pour que son pays soit considéré comme un pays pauvre très endetté, puisqu'il revendique à présent le droit d'être traité comme les émirs du Golfe arabo-persique. Admirez la sincérité ! <br /> « Oui c'est une forme de racisme » a poursuivi l'ancien chef du Pct. « Le même qui fait qu'un Charles Taylor a été arrêté, incarcéré, jugé et menotté en public alors qu'un Pinochet n'a jamais fait un jour de prison en Angleterre ou au Chili et a même eu droit à des obsèques nationales ! ». <br /> Sans doute. Visiblement le sort fait à Charles Taylor a touché notre homme. On eut aimé qu'il témoignât une compassion au moins identique pour les victimes libériennes et sierra léonaises que pour les victimes chiliennes. Vous avez dit inquiétude ? En tout cas, encore une fois admirez la sincérité d'un plaidoyer (pro domo au cas où ?) sans arrière-pensées, tout ce qu'il y a de plus humaniste et désintéressé. <br /> - Contrairement à ce qui s'est passé concernant le fiasco électoral du premier tour des législatives congolaises Sassou révèle qu'il avait été prévu que « tout devait être propre, transparent sous le regard des observateurs étrangers. C'est d'autant plus agaçant que lorsque j'ai reçu, deux jours avant le scrutin, le ministre de l'Administration territoriale et son directeur des Affaires électorales, ainsi que le président de la Commission électorale (...) je leur ai clairement posé la question " Êtes-vous certains que tout est prêt ? " Ils m'ont répondu oui avec assurance » a raconté Sassou. <br /> Évidement, dans tour sa d'ivoire de Mpila, Sassou ne peut tout savoir, surtout s'il ne fait confiance qu'en ses courtisans. La fin de l'histoire est connue : au lieu de la propreté on a servi de la saleté aux Congolais. Que n'a-t-il pas reçu ou tout au moins écouté également, au lieu de les mépriser, les arguments de l'opposition qui demandait le report du scrutin ! Une opposition qui avait donc mille fois raison ! <br /> Au regard de ces faits ce scrutin de la honte sera-t-il annulé ? (2) Que non ! Et nous le disons sans risque de nous tromper. Nous prenons d'ailleurs tous les paris. La Cour constitutionnelle et la Conel ne vont pas contrarier le grand homme de Mpila. Gageons qu'elles vont même lui faire plaisir... <br /> (1) A en croire les derniers chiffres de la balance commerciale l'Union européenne exporte vers l'Afrique centrale à hauteur de 60 %, contre... 2 % d'exportations de l'Afrique centrale vers l'UE. On imagine ce qu'il en sera à l'ouverture complète des frontières. <br /> (2) Lu dans " La Semaine Africaine " : La Cape (Coordination d'appui au processus électoral), une plate-forme d'ONGs oeuvrant dans les domaines des droits de l'homme et de la bonne gouvernance démocratique (et coordonnée par M. Roger Bouka Owoko) dénonce dans un rapport les nombreuses irrégularités et les dysfonctionnements ayant émaillé les élections, depuis les listes électorales jusqu'à l'organisation du vote. <br /> Selon ce rapport, il y a eu tellement d'irrégularités que les observateurs de l'Union africaine, de la CEEAC et de la commission nationale des droits de l'homme du Burkina Faso ont été unanimes pour dire que le scrutin a été un fiasco total. Le rapport estime qu'il n'est pas crédible et que le plus responsable serait de l'annuler... <br /> Nika M.
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