France - Afrique : continuité historique ou rupture systématique ?

Publié le par Jeana

La fin du pillage systématique des ressources du continent? De l' infiltration tentaculaire des réseaux sectaires en Afrique?
L'effet de séduction et la surmédiatisation de la dernière campagne présidentielle dans les pays francophones comme le Cameroun - et même au-delà - ne sont pas gratuits. En effet, c'est une proximité historique et quasi affective qui lie ces pays avec la France. Malgré tout, c'est l'avenir de la coopération entre l'ancienne métropole et les pays du « pré carré » qui animait toutes les préoccupations.

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
L'arrivée de Nicolas Sarkozy et surtout le contexte international actuel commandent de placer la relation entre la France et l'Afrique sur un axe diplomatique différent. Le nouveau pouvoir s'installe à un moment où la dynamique européenne diminue relativement la marge de manœuvre de la seule France sur les affaires internationales.   La gestion européenne des questions de notre monde qui se globalise de façon fulgurante et irréversible ne sera pas une juxtaposition des politiques des nations qui composent l'union mais plutôt l'expression d'une politique cohérente pensée et exprimée d'une seule voix. La présence d'Angela Merkel, la chancelière allemande dont le pays assurait la présidence de l'union européenne et de Louis Michel, commissaire européen au développement au sommet France-Afrique de Cannes illustre très fortement l'européanisation de l'orientation des affaires françaises. <br /> Il y a ensuite l'éveil d'une conscience politique africaine susceptible de rompre avec les complexes qui ont toujours court-circuité les efforts vers une véritable coopération saine et mutuellement bénéfique. Plusieurs décennies après les indépendances, la plupart des anciennes colonies sont restées perméables à l'influence et à la domination de la France. La remise en cause du néocolonialisme par les leaders politiques comme Laurent Gbagbo, si elle se généralise, pourra inspirer une redéfinition de la relation entre la France et l'Afrique car depuis la « libération » de l'Afrique, cette relation se caractérise par un pillage systématique des ressources du continent, une infiltration tentaculaire des réseaux sectaires en Afrique, une tribalisation du débat politique qui a souvent débouché sur des chocs sismiques entre les peuples africains, un soutien de circonstance de la France à des régimes notoirement connus comme des dictatures qui monnayent leur longévité auprès de certains pôles de pouvoir français, un clientélisme d'Etat, bref une dérive criminalisante et mafieuse. <br /> Il y a également le fait que le pouvoir est détenu par une nouvelle génération. Cela implique un renouvellement du dispositif de coopération et des réformes qui sont d'autant plus impérieuses que des murs en béton ne feront pas reculer ces millions de jeunes Africains en butte à une inextricable et cinglante misère, la France ayant sa part de responsabilité dans la situation actuelle de l'Afrique. <br /> C'est enfin aux Africains eux-mêmes de provoquer l'effondrement de ce système pervers mis en place par les « copains chefs d'Etat » afin d'imposer sa responsabilité. Cela est d'autant plus faisable dans le contexte actuel que l'Afrique dispose d'un éventail de potentiels partenaires pour élaborer une nouvelle stratégie de coopération (bilatérale et multilatérale). L'Inde, le Brésil, la Chine, les Etats-Unis qui courtisent l'Afrique devraient au moins servir à accroître la pression sur la France pour qu'elle cesse d'être hypocrite dans sa coopération avec l'Afrique. <br /> Nicolas Sarkozy va bientôt laisser échapper ses arrière-pensées mais en attendant que sa politique ne se construise dans son pragmatisme, il est bon que l'Afrique sonne la charge et exprime clairement ses attentes. Au-delà des intérêts qui guident les relations entre les Etats (Nicolas Sarkozy continuera à défendre celles de la France), il revient à chaque pays de savoir qu'il doit rechercher et conquérir chez la France le respect qu'elle mérite. Il faut surtout rappeler à Sarko qu'il a choisi la « rupture ».|Mohamadou Houmfa
Répondre